Tour du Port de Montréal
La Tour du Port, gardienne de la mémoire industrielle de Montréal
Donner un nouveau souffle à une installation portuaire jusqu’alors désuète : c’est la mission relevée par Provencher_Roy au Vieux-Port de Montréal. Une tour iconique de 65 mètres et sa terrasse fluviale complètent la transformation du Grand Quai, en proposant un observatoire spectaculaire sur la ville et le fleuve.
Quels sont les avantages de construire une tour au bord de l’eau ? Le premier se vit de l’intérieur : la Tour du Port offre des vues exceptionnelles sur Montréal, le Saint-Laurent et le mont Royal. Le deuxième se manifeste de l’extérieur : à la manière d’un phare, la tour guide les visiteurs jusqu’à elle, et les invite à une ascension inédite au-dessus du cours d’eau. Un volume en porte-à-faux, véritable observatoire dans les hauteurs, constitue le point culminant de l’expérience. Il permet de découvrir la ville d’un œil neuf. La Tour du Port s’affirme de fait comme un nouveau repère urbain, pour les visiteurs comme pour les passants. Qu’ils la découvrent par bateau ou qu’ils l’aperçoivent depuis les zones piétonnes du Vieux-Montréal, la Tour indique autant la présence d’une gare maritime que celle d’une grande place publique.
Électromécanique
Pageau Morel et associés
Génie civil
Génipur
Photographie
James Brittain / Olivier Blouin / Nanne Springer
Entrepreneur
Pomerleau
Structure
NCK
Aménagement paysager
NIP Paysage
Éclairage
CS Design - Consultant en Éclairage
Autres collaborateurs
Consultant : Arup / Vitrage - Saint-Gobain (by Agnora) / Revêtement extérieur - Mur-rideau : Alumicor & Vitre Aluminium - Clermont / ELEMA Experts-Conseils (consultants)
Pays
Canada
Ville
Montréal
Client
Port de Montréal
Superficie
400 m2
Année
2023 - Tour d'observation / 2018 - Grand Quai
Souligner la mémoire du passé industriel
Longtemps coupé de la ville et peu invitant, le Grand Quai du début du 20e siècle n’était accessible qu’aux croisiéristes arrivant par bateau à la gare maritime. D’une longueur de 305 mètres et d’une largeur de 91 mètres, il était ponctué de quatre immenses hangars de stockage, à une époque où Montréal exportait massivement des céréales.
Ancrée à l’extrémité de ce quai, la Tour donne accès à ce qui était auparavant une enclave. Elle s’intègre à un réseau piéton favorisant une mobilité douce. Les visiteurs sont invités à monter sur la grande toiture-terrasse par un escalier connecté à la promenade du Vieux-Port. Ils peuvent faire une pause sur l’esplanade surélevée – et profiter d’un mobilier urbain bien pensé au milieu de la végétation –, puis se diriger au bout du Terminal 1, où se situe l’entrée de la Tour. Le projet enrichit l’expérience des marcheurs en célébrant la fin du parcours scénique offert par le Port de Montréal, et en leur redonnant accès au fleuve.
Parce que le site garde les traces d’un riche passé industriel, la Tour se devait de lui rendre hommage. Elle s’inscrit en cohérence avec les autres structures du port, tout en cultivant sa singularité. Emblème de la ville, elle surplombe la promenade fluviale d’Iberville. Installée sur le toit-jardin de la gare maritime réhabilitée, elle s’affirme comme un personnage principal du présent de Montréal. La Tour est la nouvelle gardienne de la mémoire du site.
Une expérience inédite
La Tour, en plus de veiller sur l’histoire montréalaise, devient une nouvelle destination, un endroit attrayant où il fait bon se promener.
La Tour, en plus de veiller sur l’histoire montréalaise, devient une nouvelle destination, un endroit attrayant où il fait bon se promener. Au 13e étage, la plateforme d’observation du volume en porte-à-faux offre des vues à 360 degrés sur la ville et le Saint-Laurent. Espace aux multiples usages potentiels, cette station dans les hauteurs est, tour à tour, ouverte au public ou louée pour des évènements.
Un escalier hélicoïdal en bois, visible de l’extérieur, s’étire de la plateforme d’observation vers le ciel. Il invite les visiteurs à l’ascension. Cet objet sculptural brille à travers la façade : sa forme rappelle les escaliers en colimaçon typiques de Montréal, que l’on retrouve en devanture d’immeubles dans plusieurs de ses quartiers. Sa couleur dorée évoque le blé, céréale, majoritairement exportée pendant l’essor du port. Au sommet, une cage de verre prolonge l’expérience et projette les visiteurs à 55 mètres au-dessus du Grand Quai : expérience vertigineuse garantie !
Défis techniques et esthétiques
L’organisation du chantier a tenu compte de plusieurs contraintes : une construction sur un quai aux accès limités, sur un sol de remblais et un roc profond, la préservation de l’espace pour les touristes, de l’arrivée des bateaux et des événements, et la perturbation minimale des opérations portuaires. Provencher_Roy a fait le pari de marier les défis techniques et esthétiques posés par la structure de béton apparente. Puisque l’enveloppe architecturale est entièrement vitrée, la firme s’est assurée de la qualité du matériau. La structure de béton précontraint dans les éléments verticaux porteurs supporte en effet d’imposants porte-à-faux à la structure d’acier. Suivant l’étude de soufflerie du projet, la conception de la structure répond à des exigences élevées. L’ajout d’un amortisseur de masse permet d’ailleurs d’améliorer le confort des usagers de la Tour.
Un aménagement paysager dans l’air du temps
En rendant le site accessible au public, en connectant la ville au fleuve, le réaménagement du Grand Quai illustre sa volonté de s’inscrire dans la transition socioécologique. Les espaces extérieurs, conçus en collaboration avec l’équipe de NIP_PAYSAGE, comprennent une promenade de bois avec un toit vert technologique, ainsi qu’un jardin. Les plantes choisies sont adaptées aux conditions météorologiques extrêmes.
L’ambiance lumineuse a bénéficié d’une attention toute particulière dans le projet. La Tour a été pensée comme un bijou qu’il s’agit de mettre en valeur, en s’inscrivant dans le plan lumière du Vieux-Montréal, c’est-à-dire en positionnant le Quai dans la continuité de l’esthétique nocturne du quartier.
L’éclairage monumental choisi pour la Tour de la jetée crée une symbiose visuelle avec les autres points de repère de la ligne d’horizon. L’utilisation d’une lumière blanche, aux tonalités froides, met en valeur la structure, tandis que les tonalités de blancs chauds et ambrés sont déployées pour illuminer de manière distinctive l’escalier hélicoïdal, transformant ainsi la Tour en un phare scintillant sur le fleuve.